C'est quoi Chantalyre ?

À propos

Chantalyre est une méthode de lecture qui utilise des chansons traditionnelles pour permettre à l’enfant d’apprendre à lire plus facilement en sollicitant son intelligence musicale. Elle peut être utilisée dans un fonctionnement scolaire classique, dans le cadre d’une pédagogie Freinet ou Montessori qui respecte davantage le rythme d’apprentissage propre à chaque enfant ou bien en organisant une collaboration étroite « école-maison ».

Objectifs

Chantalyre permet à l’enfant d’apprendre en chantant et en analysant la musique des mots. Les scientifiques ont découvert que, dans notre cerveau, la musique et le langage fonctionnent de la même façon. Il est donc recommandé de le nourrir avec des mélodies, des rythmes et des textes étonnants ou poétiques comme ceux de nos chansons traditionnelles. Cela facilite l’apprentissage de la lecture et nous fait voyager, en plus, dans notre mémoire collective. D’ailleurs, sur internet, les chansons traditionnelles ont un incontestable succès : des millions de vues ! Pourquoi se priver d’un tel support si agréable aux oreilles des enfants ?
Chantalyre, c’est une méthode de lecture qui permet à l’enfant de découvrir tous les sons consonnes et voyelles de la langue française et les syllabes qui en résultent. Par exemple, dans « Savez-vous planter les choux ? », il reconnait le son /ch/ comme quand on lui dit « chttt ! ». Dans « sur le pont d’Avignon », il repère le son /on/ comme dans « tonton ». La syllabe fabriquée avec ce matériel phonétique, ch + on, c’est : « chon » comme dans « le cochon » (personnage secondaire qui, dans l’album 10, s’appelle Pelochon !)
Chantalyre, c’est une méthode qui peut permettre une collaboration étroite entre les enseignants et la famille. Les albums vidéos peuvent être lus gratuitement sur Youtube à l’école comme à la maison. Dans la boîte à jeux, tous les documents peuvent être téléchargés gratuitement de l’école ou de la maison : les coloriages, les marionnettes et les jeux. Cependant, si un enseignant ou une équipe d’école décide d’utiliser Chantalyre comme méthode de lecture, il faudra bien évidemment qu’ils présentent aux parents quels sont les outils qu’ils veulent se réserver prioritairement dans leur classe.
Chantalyre, ce sont 17 albums destinés à des enfants de 2 à 7 ans. Les personnages, issus des chansons traditionnelles sont souvent drôles et il leur arrive des histoires ordinaires ou extraordinaires, comme dans les chansons. La mère Michel perd son chat Malabar qui est bien malin. On veut plumer une alouette et cela arrive aux oreilles d’un coucou, d’un hibou et d’un loup. Le facteur, en montant des escaliers en papier de la maison de Noé, se casse le bout du nez. Une souris verte ne veut pas devenir un escargot tout chaud. Etc… Chaque album est constitué de 8 tableaux et après le sixième, le lecteur lit une question pour imaginer l’issue de l’histoire. Ainsi l’enfant est invité à participer, à s’interroger, à anticiper. Enfin d’autres histoires pourront naître, à l’école ou à la maison, à la suite de chaque album en faisant jouer les marionnettes. Avant d’apprendre à lire, l’homme n’a-t-il pas appris d’abord à raconter des histoires réelles ou imaginaires … autour d’un feu protecteur ?
Il court, il court, le furet… Alouette, je te plumerai … Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers… A la claire fontaine, m’en allant promener… Jean Petit qui danse…

Origines

Pendant des années, dans des classes de CP, GS-CP ou CP-CE1, j’ai souvent assisté avec impuissance aux difficultés qu’avaient certains élèves à trouver leur clé pour apprendre à lire. Mais où se trouve-t-elle donc dans le cerveau ? L’homme ne sachant lire des codes écrits que depuis quelques siècles, ces nouvelles compétences intellectuelles ne sont pas encore inscrites dans ses gènes ! Les plus chanceux sont ceux qui baignent dans un milieu social « facilitateur ». Ce n’est pas un hasard si Marcel Pagnol a appris à lire tout seul… en écoutant son papa, instituteur… Ils trouvent vite la clé. Les autres, enfants de meunier, de forgeron ou de berger, n’ont pas pu bénéficier de cette « rampe de lancement ».  Certains se découragent. A quoi bon chercher une clé dans une botte de foin ? 

En 2005, pour aider des élèves en difficulté à apprendre à lire, j’ai l’idée de les motiver en les faisant chanter tout en apprenant à lire. Pratiquer la musique, le rythme, imiter des mélodies, en créer, c’est écrit dans nos gènes depuis des centaines de millions d’années. N’est ce pas, oiseaux, baleines et cigales ? Je choisis donc une dizaine de chansons pour y faire reconnaître un son de la langue française dans chacune. Par exemple, on entend le son /m/ dans « la mère Michel », le son /a/ dans « trois p’tits chats et chapeau ». Pour les écouter, c’est facile, Internet commence déjà à dérouler ses autoroutes numériques. Miracle, les oreilles, les yeux et les bouches de tous mes élèves semblent enfin capter mes objectifs de pédagogue : la musique les ouvre à l’apprentissage de la lecture. 

Confirmant mon intuition, les dernières recherches en sciences cognitives confirment que, dans notre cerveau, la musique et le langage fonctionnent de la même façon. Utiliser l’un au service de l’autre en pédagogie, c’est l’une des solutions pour lutter contre l’échec scolaire. 

Voilà l’explication qu’apporte Hervé Platel, neuropsychologue qui étudie les effets de la musique sur le cerveau : « Les effets positifs de la musique sur notre santé, sur notre mental sont aujourd’hui démontrés. La musique a le pouvoir de façonner note cerveau et améliore notre fonctionnement cognitif. La pratique comme l’écoute ont des vertus étonnantes. Ecouter une musique connue active le circuit de la récompense (comme la sexualité et la nourriture). En réaction, la sécrétion de dopamine et d’endorphines apporte une sensation de bien-être. Mais ce n’est pas tout. L’effet d’entraînement de la musique permet à notre corps de se synchroniser au rythme des chansons. Si le tempo est rapide, la musique est source de motivation. Si le tempo est lent, la musique permet de surmonter les difficultés. Une chanson douce réduit le taux de cortisol, l’hormone du stress. »

Exemple de Nathan :

 Nathan a de très grosses difficultés scolaires. Il ne comprend toujours pas pourquoi, dans son prénom, un « a » devant un « n », ça fait /na/  et derrière un « n » ça fait /an/. Comme tous les enfants, il adore mélanger de la peinture. Je lui explique que du bleu et du jaune, ça fait du vert, du bleu et rouge, du violet. /n/ + /a/ ça fait /na/, /t/ et /an/ ça fait /tan/ et le « h » est « muet », comme la couleur transparente  de l’eau. Puis il repère dans la chanson que /m/ et /i/, ça fait /mi/, /ch/ et /a/, ça fait /cha/. Il commence à comprendre et déduit car il a appris à reconnaître le /p/ dans « une poule sur un mur », que /p/ et /a/, ça fait /pa/ comme dans « papa ». Ce jour là, avec ses camarades, il va participer à l’invention et à l’écriture d’une histoire dans laquelle ils essayent d’utiliser le maximum des mots dans lesquels on entend la syllabe /ma/ et qui sont écrits au tableau : 

Malabar, un chat marrant et malin, va voir des makis de Madagascar. La mère Michel crie par la fenêtre car elle a perdu son chat. Elle va voir l’abeille Maya puis le Magicien Majax qui ne l’ont pas vu. Arrivent trois p’tits chats (dont l’un avec un chapeau de paille) qui l’ont vu…à l’école maternelle jouer à la marelle ! Le marabout, Macaroni, va le ramener à la mère Michel qui lui donne des macarons au maquereau sur son matelas ! 

Le soir, Nathan s’endort, bercé par ces deux chansons, « la mère Michel » et « Trois p’tits chats », le son /m/ et le son /a/, par les personnages et les mots de l’histoire : maki, Madagascar, Malabar, magicien, marelle, etc…  Le lendemain, il dit à toute la classe : « J’ai compris, je sais lire ! /na/ + /tan/ ça fait /natan/ et ça s’écrit avec les lettres n, a pour faire /na/ et t, h, a et n pour faire /tan/. Le « h », est transparent, on ne le l’entend pas ! » Il n’existe que pour faire joli dans mon prénom ! » Enfin, il a trouvé la clé !  Il  faudra une bonne année scolaire à Nathan pour qu’il puisse lire, seul, de courtes phrases.  En CE 1, il rattrapera ses camarades pour lire d’une façon fluide et partira à la conquête des livres mais aussi de l’orthographe, de la conjugaison et de la grammaire… mais c’est une autre histoire !

Développement de la méthode les années suivantes

Poussé par mes convictions pédagogiques, avec les conseils de collègues, je réussis à trouver 34 chansons traditionnelles dans lesquelles il est possible de repérer les sons de la langue française. Mon objectif, c’est, en complément de ma méthode habituelle (Ribambelle), de faire repérer dans ces chansons la totalité des phonèmes (sons-consonnes ou sons-voyelles) et des graphèmes (les différentes écritures qui les codent). La vingtaine d’élèves de ma classe de GS-CP-CE1 inventent, pendant une année, 17 albums qui racontent les aventures des personnages des chansons. Une méthode de lecture musicale, syllabique et motivante est née :  Chantalyre. L’année suivante, elle est testée pendant une année complète dans la classe de CP de Frédérique dans une école REP de Saint Etienne. Ces chansons découvertes et apprises chaque semaine pour reconnaître un son, ces albums projetés avec un vidéo-projecteur, pour elle, jouent un rôle facilitateur évident. Les affiches qui recouvrent progressivement un mur de sa classe jouent un rôle essentiel pour la mémorisation visuelle des phonèmes et des graphèmes. 

L’année suivante, une dizaine d’autres enseignants testent Chantalyre dans différentes classes de moyenne section au CE 1. Grâce à leurs conseils, des améliorations sont apportées. Enfin, une équipe de formateurs de l’ESPE de Saint Etienne analyse cette méthode et propose des pistes pour qu’elles soit plus en adéquation avec les instructions officielles (apprentissage systématique, activités d’encodage, automatisation de reconnaissance de mots, études de la langue, textes d’étude complémentaires). 

 

Chantalyre est une méthode protégée

 

Christian PLEVY, ancien enseignant, directeur et formateur à l’ESPE de Saint Etienne

Genèse ( Chantephono est la première version de Chantalyre)

Télécharger les 50 pages de CHANTEPHONO gratuitement

Les liens entre musique et langage

Qu'en pensent les spécialistes ?

Hervé Platel, professeur de neuro psychologie, a réussi à comparer la perception du langage et celle de la musique. D’après ses expériences scientifiques, grâce à la technologie de l’imagerie par résonnance magnétique, il apparaît que la musique engage le cerveau d’une manière beaucoup plus large que pour le langage. Mais la principale découverte se situe dans l’hémisphère gauche de notre cerveau. Des zones cérébrales sont activées communément pour le traitement de la musique et du langage en partageant donc des ressources communes. Non seulement dans la zone dédiée à la perception sonore, mais aussi dans l’aire de Brocca qui est une zone associée à la production de mots parlés, à l’articulation du langage mais aussi à des processus de segmentation d’informations sonores et visuels, ce qui permettrait de mieux percevoir des sons, des syllabes, des mots et des phrases.
Ces découvertes confirment donc l’intérêt d’apprendre à lire en chantant comme le propose Chantalyre. Le cerveau est impliqué d’une façon beaucoup plus large et utilise une palette d’outils beaucoup plus complète.

« Sur le pont d’Avignon… », on y danse et on le chante mais on y reconnaît aussi le son /on/.

« Le langage a-t-il donc précédé la musique ou est-ce l’inverse ? Ce qui est fort probable c’est que la musique ait émergée de façon progressive, accompagnant la naissance du langage dans les sociétés humaines. »
sources : « Sapiens, et la musique fut » Arte, 26 juin 2021